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Dossier

La dialectique du postmoderne et de l’hypermoderne au temps des crises plurielles : l’humour numérique malgache à la croisée des paradigmes

Maharisoa Ralambosoa

Résumés

Cet article se propose de dresser l'anatomie de l'humour numérique au temps des crises cumulatives chez la jeunesse malgache. À travers le cas d'une page Facebook emblématique officiant dans la satire grinçante assaisonnée de piques néo-narcissiques (Sitraka Mamy Tantely), notre objectif a été de scruter d'éventuelles mutations du code humoristique par rapport au contexte évoqué.

À cette fin, nous avons mobilisé une palette théorique brassant des notions propres à la condition postmoderne comme hypermoderne (Lipovetsky, Sloterdijk), à la sociologie du rire mais aussi à la sociologie des interactions numériques.

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Texte intégral

1De l’outil pédagogique à un ressort incontournable de l’humour le plus badin, l’ironie a toujours occupé une place prépondérante dans la vie de l’esprit et l’histoire des idées. Au temps des crises cumulatives et de l’anomie ambiante, sa verve semble ne jamais s’être autant exacerbée, renouant sarcastiquement avec les ficelles du cynisme le plus grinçant. C’est ainsi que les réseaux sociaux se sont rapidement retrouvés inondés de parodies cinglantes des modèles de réussite prônés par la société consumériste hypermoderne (Lipovetsky, 1989), de l’archétype du self-made man à l’eudémonisme bon marché de la psychologie positive. Le tout sous l’instigation de jeunes désenchantés, confrontés à un avenir exigeant et plus insidieux qu’on ne le dit. À Madagascar, la page Facebook Sitraka Mamy Tantely est sans nul doute la plus représentative de cette tendance, tournant allègrement en dérision les idoles de notre époque.

2Quelle intentionnalité, manifeste ou latente, attribuer à ces détournements humoristiques des idoles de l’ère néo-libérale hypermoderne ? En quoi pareilles tendances incarnent-t-elles une microforme de résistance propre à la jeunesse ? Et enfin, doit-on y lire un retour à la satire généralisée antérieure à l’humour postmoderne « cool » et sans prétention (Lipovetsky, 1989) ou bien assiste-t-on à une dialectique inédite entre plusieurs registres humoristiques ?

3Pour tenter d’apporter des éléments de réponse à ce questionnement, nous effectuerons une analyse des corpus produits par la page humoristique et satirique malgache Sitraka Mamy Tantely sur Facebook. Une analyse des réactions suscitées par ces publications s’ensuivra naturellement.

4Ces matériaux seront lus à l’aune des jalons fournis par une recherche documentaire ciblée, relative à la dialectique entre postmodernité et hypermodernité ainsi qu’à l’humour, à l’ironie en général.

Humour et satire numériques à Madagascar : la verve caustique de la page Facebook Sitraka Mamy Tantely

Bref aperçu des principales pages Facebook humoristiques de la Grande île

5Comme d’autres réseaux sociaux, Facebook est rapidement devenu un espace convivial de réenchantement du monde, un circuit inédit de réinvestissement de la chaleur humaine, de la force mana de Durkheim à une époque néo-nihiliste qualifiée d’« hypermoderne » par Gilles Lipovetsky après une « parenthèse postmoderne » (Lipovetsky et Charles, 2004) dont un Maffesoli refuse de reconnaître le terme et la caducité (Maffesoli in Bétemps, 23 mars 2015). D’autres auteurs, plus marqués par le souffle névrotique de notre époque, préfèrent quant à eux parler d’« ultramodernité » (Willaime, in Foucart, 2008) en référence à une « modernité désenchantée » (Willaime in Foucart, 2008) striée d’ombres et d’incertitudes. Réseau social le plus utilisé à Madagascar en raison des offres tarifaires proposées par les opérateurs téléphoniques (Telma, Orange, Airtel), la plate-forme numérique de Mark Zuckerberg semble confirmer à l’échelle de l’île une préférence globale. En effet, le site Statista la désigne comme étant le réseau social le plus utilisé au monde en février 2022 avec pas moins de 2,91 milliards d’utilisateurs actifs (Statista, 14 février 2022).

6Et ce n’est sûrement pas le confinement, ni les crises cumulatives (sociale, économique, etc.) qui ont suivi qui émousseront ce besoin massif de réenchantement dans un des pays les plus pauvres de la planète.

7Dans ce contexte, le rire joue un rôle fondamental. Un quotidien national observe ainsi le succès fulgurant des humoristes en ligne à partir du confinement de 2020 (Rakotondrazaka, 11 avril 2020).

8Les pages les plus connues sont notamment (plus de 10 000 abonnés) : Aaron en parle, C’est du Joely, Chef Rija, Antso Bommartin, Sitraka Mamy Tantely, Rj Aina, Madagascar memers, les Gagas de Damima, etc. Le registre oscille généralement entre le commentaire social bien senti et l’humour plus badin, jouant généralement sur le lexique juvénile actuel. La vidéo est le type de contenu le plus courant, mais une place considérable est également accordée aux memes, ces images aux références éhontément détournées.

9Il existe bien entendu des différences de tonalité plus ou moins importantes entre les pages : ainsi, Aaron en parle fait majoritairement dans la sensibilisation et l’évocation de thématiques sociales-clés (la situation de cadet à Madagascar, l’assertivité, etc.) quand une page comme Sitraka Mamy Tantely officie dans le cynisme le plus mordant en ridiculisant notamment la psychologie positive. Malgré tout, ces pages ont pour point commun d’être tenues par des jeunes (âgés de moins de 35ans) et de cibler surtout les jeunes. Très vite d’ailleurs, elles ont su générer des répliques cultes que la jeunesse dégaine à tout va, à l’instar du fameux « Merci ‘ty » (Merci à toi !) ou encore « Na ny mahantra, na ny mpanakarena ! » à la fin hurlée (Pour les pauvres comme pour les riches) inspirés respectivement des pages Aaron en parle et de C’est du Joely.

10Le fait que la plupart aient accédé à la notoriété à l’aube du confinement est pour nous un point de départ intéressant face au contexte de crises plurielles. Cela nous amène à nous demander dans quelle mesure les références aux crises plurielles se retrouvent dans les contenus mis en ligne par les administrateurs de ces pages et surtout comment et en quoi ceux-ci et leurs retombées chez les internautes incarnent une forme de résistance.

Satire et humour numériques à l’ère des crises plurielles

11Comme dit plus haut, la page Sitraka Mamy Tantely a su tirer son épingle du jeu en versant dans un cynisme provocateur frondant essentiellement l’eudémonisme entrepreneurial contemporain. Pourtant, son administrateur éponyme évolue lui-même dans ce milieu : consultant en marketing, entrepreneur et président local de la JCI Antananarivo (Jeune Chambre Internationale) depuis cette année, il jongle en effet habilement entre plusieurs statuts qui ont pour dénominateur commun d’être plus ou moins liés à l’univers entrepreneurial. D’emblée, un certain paradoxe se dégage donc.

12En effet, pour le plus grand bonheur de plus de 30 500 abonnés en ce mi-février 2022, le jeune homme y parodie sans vergogne les publications motivationnelles, le coaching, la pensée positive, autant de leitmotivs idéologiques assurément récurrents dans son domaine.

13Ainsi, nous pouvons lire sur le mur de la page, pour prendre les publications les plus emblématiques : « L’hyper-indépendance : Pour saboter ta relation avec toi-même et avec les autres. » (Photo sur la publication du 30 janvier 2022). La publication à plus de 1 800 réactions montre l’administrateur en influenceur parodique tiré à quatre épingles avec un commentaire acerbe sous forme de pseudo-post motivationnel :

14« Être indépendant(e) c’est bien, mais continuons d’adopter des attitudes toxiques : adoptez [émoticône] l’hyper-indépendance [émoticône] pour se saboter et foutre en l’air nos relations avec les autres [émoticône].

15[Émoticône] Souvent répéter : « j’ai pas (sic) besoin d’aide, je peux le faire moi-même », penser qu’on a (sic) besoin de personne et rejeter les gens peuvent être la conséquence d’un trouble ou d’un traumatisme.

16[Émoticône] Embrassons donc nos mauvaises expériences du passé (abandon, rejet, confiances brisées…) et laissons l’hyper-indépendance (qui est une réponse traumatique) dominer notre âme [émoticône] » (Sitraka Mamy Tantely, 30 janvier 2022). S’ensuivent des pseudo-conseils ostensiblement provocateurs sur comment adopter une telle attitude névrotique et surtout quels recours éviter, notamment « demander de l’aide » ou encore « apprendre à avoir confiance aux autres ». Émoticônes à l’appui, nous commençons ainsi à nous faire une première idée des contenus diffusés sur cette page. Les commentaires ne sont pas en reste et dilatent le filon caustique initié par l’administrateur. C’est ainsi que nous lisons entre autres un « Merci coach » terminé d’un « toxic je serai » (Sitraka Mamy Tantely, 30 janvier 2022) avec le mot-clé « toxic » défini en hashtag, c’est-à-dire en unité lexicale destinée à être largement diffusée. « Psychologie inversée », « Stay toxic hatrany » (hatrany, le mot malgache pour « toujours ») : autant de commentaires qui étayent par la suite davantage le registre cinglant impulsé par l’administrateur.

17Le 29 janvier 2022, une autre publication nous montre un paysage inspirant (deux sommets) affublé d’une parodie de citation motivationnelle à la chute savamment étudiée. En caractères capitaux et avec une police d’affichage très marquée se détachent les lignes suivantes : « Tu es né pour partager ton beau sourire et être aimé » (Sitraka Mamy Tantely, 29 janvier 2022). Puis en toute fin, plus sournoisement et en caractères normaux et à police plus réduite, on peut lire : « Laingako izany (« Je plaisantais » en malgache), tu es né pour travailler dans un environnement toxique de travail pour enrichir ton patron qui te harcèle sexuellement et moralement pour que tu puisses espérer cette promotion et augmentation qui n’arrivera pas car ton nom est déjà dans le plan de licenciement. Bonne soirée ». Une fois encore, les retours sont globalement positifs : plus de 2 100 réactions hilares (la réaction « haha ») sur un total de près de 2 500, avec des commentaires témoignant une fois de plus la pleine compréhension du registre de l’auteur (Sitraka Mamy Tantely, 29 janvier 2022).

18Plusieurs autres publications continuent sur ce ton, quand certaines appliquent le filon cynique à des sujets plus badins, comme la séduction. On lit dans ce cadre par exemple un coaching parodique sur la manière de faire un parfait séducteur : pas un séducteur subtil à la Don Juan, mais une espèce de coureur de jupons dénué de toute crédibilité (appelé « voay », le mot malgache pour crocodile).

19Il suffit pour cela de jeter un œil à des publications comme celles des 17 et 30 décembre 2021 avec dans chaque cas une photo de l’administrateur en vétéran parodique de la séduction.

20Très vite, une parodie de mot d’ordre a fini par s’imposer au fil des publications de l’administrateur pour être massivement reprise en hashtag par ses abonnés : « stay toxic ». À elle seule, cette injonction résume l’univers comme la démarche de l’influenceur parodique.

21Nous observons ainsi que ce qui peut être considéré comme de la satire côtoie toujours les sujets les plus juvéniles avec un humour caustique.

Humour postmoderne, cynisme et frénésie hypermoderne : un arsenal symbolique au service d’une microforme de résistance

Mécanismes de l’humour numérique à l’ère des crises cumulatives

22De manière générale, les publications à tonalité satirique s’appuient sur la rhétorique habituelle et les codes de l’idéologie néo-libérale et entrepreneuriale pour mieux les tourner en dérision avec un penchant marqué pour la surenchère. Autant d’évidences en faveur de l’hypothèse hypermoderne selon Lipovetsky, qui y voit une modernité paroxystique et hyperbolique exacerbant « les trois axiomatiques constitutives de la modernité elle-même : le marché, l’efficacité technicienne, l’individu » (Lipovetsky et Charles, 2004).

23Nous identifions aisément des gloses satiriques des deux premières dans les publications mentionnées, évoquant clairement « l’insécurisation des existences [qui] a supplanté l’insouciance “postmoderneˮ à travers les thèmes du patronat toxique et de l’insécurité professionnelle (publication du 29 janvier) ; le besoin de se forger une résilience à toute épreuve à l’heure de la « fluidité sociale » (Foucart, 2009), de l’ « idéologisation et [de] la généralisation du règne de l’urgence » (Lipovetsky et Charles, 2004).

24Néanmoins, on remarque chez Sitraka Mamy Tantely une certaine composante narcissique plus évocatrice de la postmodernité que d’une radicalisation de la troisième axiomatique : il ne s’agit bien évidemment pas d’un jugement porté à l’administrateur de la page, mais une composante-clé de son code humoristique. Ainsi, sa photo se retrouve systématiquement épinglée sur la quasi-totalité des publications, avec des commentaires hyperboliques sur ses capacités de coach, de séducteur, etc. le tout dans la veine parodique que nous lui connaissons. Néo-narcissisme postmoderne ou « hypernarcissisme » (Lipovetsky et Charles, 2004) propre à l’hypermodernité ? Lipovetsky établit un distinguo entre les deux en dépeignant le Narcisse postmoderne comme « jouisseur et libertaire » par contraste au Narcisse hypermoderne « qui se donne pour mature, responsable, organisé et performant » (Lipovetsky et Charles, 2004). Dans ce sens, la veine narcissique utilisée par Sitraka Mamy Tantely dans ses publications ressemble plutôt à une satire postmoderne du Narcisse hypermoderne tel que Lipovetsky en restitue la naissance dans Lère du vide : « c’est de la désertion généralisée des valeurs et finalités sociales, entraînée par le procès de personnalisation, que surgit le narcissisme » (Lipovetsky, 1989). Si ce néo-narcissisme était chronologiquement apparu suite à l’effondrement des métarécits modernes, sa réapparition est cette fois à mettre sur le compte de l’ébranlement des canons de l’hypermodernité : « turbocapitalisme », mondialisation effrénée, etc.

25Lipovetsky parlait de la société postmoderne comme d’une « société humoristique », marquée par « le développement généralisé du code humoristique » (Lipovetsky, 1989).

26Pour le sociologue français, néo-narcissisme et humour se conjuguent ainsi à l’intérieur du tableau postmoderne : « Quand le social entre dans la phase humoristique, commence le néo-narcissisme, dernier refuge cérémoniel d’un monde sans puissance supérieure » (Ibid.).

27L’auteur parlait dans ce contexte soit d’« un comique teen-ager à base de loufoquerie gratuite et sans prétention », soit « d’un humour en quelque sorte underground, décontracté certes mais à tonalité désabusée, hard » (Ibid.).

28Ainsi, de par son fond, l’humour d’une page comme Sitraka Mamy Tantely réinvestit clairement des tendances postmodernes pour fronder les prétentions hypermodernes.

29Cela dit, il nous est loisible de nous interroger sur les mécanismes et les ressorts internes du néo-narcissisme postmoderne sous-jacent. Repose-t-il sur un narcissisme de façade pour mieux torpiller l’hyper narcissisme ou bien s’assume-t-il plutôt pleinement en tant que néo-narcissisme postmoderne ?

30Difficile de trancher sur une question aussi délicate, sous peine de verser dans le procès d’intention. Nous voici confrontés à la question de l’ironie contemporaine par contraste à l’ironie socratique telle que formulée par le penseur franco-tunisien Medhi Belhaj Kacem. Selon ce dernier en effet, si l’ironie socratique consistait à feindre pour déboucher sur la maïeutique, l’ironie contemporaine se résume plutôt à « faire semblant de faire semblant » (Belhaj Kacem in Crevoisier, 2014), c’est-à-dire à travestir par auto-annulation le code pédagogique même de l’ironie. Doit-on lui donner raison ? Difficile de pérorer dans un sens comme dans un autre.

31Ce que nous pouvons seulement avancer à ce niveau, c’est que l’entremêlement des registres badins et satiriques avec un dehors narcissique « jouisseur et libertaire » quelquefois constitué d’une veine « hard » témoigne d’un humour bien postmoderne dans le fond. Cela écarte notamment la thèse d’un humour hypermoderne qui aurait exclusivement renoué avec la satire dans la veine d’un hyper narcissisme « mature » et prétendument sérieux comme le dépeint Lipovetsky.

32Le message social est bien évidemment présent en filigrane dans les publications d’une page comme Sitraka Mamy Tantely, et il peut même être plus virulent et plus grinçant que dans une satire classique. Mais la présence d’un élément narcissique détaché dans son corpus satirique ainsi que des badineries intermittentes empêchent d’assimiler son style à un registre exclusivement satirique. Nous sommes ainsi bien en présence d’un éclectisme, d’un syncrétisme sur mesure typique de la postmodernité tel que le voit Gilles Lipovetsky. Néanmoins, un contexte hypermoderne continue de conditionner ce fond postmoderne en raison du médium retenu : Facebook.

Cynisme et humour postmoderne à l’aune de la célérité hypermoderne sur Facebook

33Il est ainsi évident qu’une bonne part de ces publications font fi de l’idéologie néo-libérale dominante, surtout face aux crises cumulatives. Les allusions directes à la crise en tant que telle sont certes rares, de même qu’une quelconque mention explicite à l’effet cumulatif observé. Néanmoins, le fond tisse des parallèles évidents aux yeux des internautes.

34À noter que la plupart des publications sont en français, langue administrative et langue d’enseignement oscillant dans l’imaginaire collectif national entre la langue intellectuelle par excellence dans son versant mélioratif et une langue bourgeoise, « snob » dans son aspect péjoratif.

35Toutes ces composantes au service de cet humour postmoderne « hard » aux dires de Lipovetsky nourrissent évidemment un faisceau de visées, d’intentionnalités individuelles comme collectives, du côté de l’administrateur comme des abonnés de la page.

36N’oublions en l’occurrence pas le médium, à savoir Facebook, qui dicte de par sa singularité des modalités interactionnelles sui generis, différentes de l’interaction classique en présentiel.

37Il est ainsi certain que pour l’administrateur, son activité fonctionne comme un pourvoyeur de capital symbolique, de prestige, d’un certain sentiment d’accomplissement dans « un monde de séduction et de mouvement incessant » (Lipovetsky et Charles, 2004).

38Dès lors, impossible de ne pas revenir sur le paradoxe présenté par l’affiliation même de celui-ci à l’environnement qu’il raille, milieu en l’occurrence associé à la classe dominante. Une forme d’auto-ironie, ou du moins, d’ironie réflexive ? Postulat tout à fait tenable, dans la lignée de l’opposition entre kunisme et cynisme formulé par Peter Sloterdijk, autrement dit entre un cynisme virulent de dominés et un cynisme intellectualisé mais complaisant de dominants (notamment par rapport à un système historique). Bien entendu, un tel antagonisme n’implique que des idéaux-types continuellement imbriqués au lieu de catégories pures séparées par une césure formelle. Ainsi, Sloterdijk en personne observe l’entrelacement des deux dans la sphère académico-intellectuelle qu’il caractérise par un impératif de jonction entre la logique kunique et un cynisme dialectique venu d’en haut. Un aveu d’écartèlement, de « déchirement existentiel » faisant du philosophe moderne « un cérébral schizoïde » (Sloterdijk in Leroux, 2011), partagé entre les deux polarités antagonistes du kynismos : telle est en dernière instance la péroraison du philosophe allemand.

39Certes, ces notions auraient mérité davantage de nuances (notamment sur la frontière entre kunisme et vulgarité gratuite), mais tel qu’elles sont, elles offrent des pistes intéressantes pour notre sujet de recherche.

40Comment en effet ne pas ressentir des résonances évidentes avec notre objet d’études ? Une satire postmoderne de son propre milieu professionnel qui en détourne les codes de manière caustique ne peut clairement relever que d’une impulsion kunique doublée d’un cynisme entretenant le registre même du système, avec vraisemblablement un sentiment d’écartèlement sous-jacent.

41D’où les mécanismes de la construction identitaire de l’administrateur et de sa page éponyme : le message subversif et hyperbolique y épouse non seulement des visées typiques du système (l’accès aux différents niveaux de la fameuse pyramide de Maslow), mais également aussi ses codes esthétiques (type d’humour). Entre en jeu dans ce cadre une « médiation numérique de soi » typiquement hypermoderne marquée par un processus fantasmatique et sélectif de mise en scène de soi dans lequel le concerné « manipule [...] sa propre identité afin d’être réellement pris par ses interlocuteurs pour celui qu’il fantasme être » (Jauréguiberry in Ibnelkaïd, 2016). C’est ainsi qu’apparaît cette image de gourou cynique savamment orchestrée participant à la fois de l’impulsivité kunique et du cynisme désabusé de l’administrateur.

42Seulement, à l’aune de l’humour postmoderne aussi bien que du mouvement perpétuel promu par les réseaux sociaux, il est probable que cette duplicité initiale en annonce une autre, en rapport aussi bien avec l’« apathie frivole » (Lipovetsky, 1989) propre à la postmodernité qu’au calcul stratégique hypermoderne écumant à la suite de l’antagonisme kunisme-cynisme. En effet, dans une société où ce que l’on dénonce constitue ironiquement aussi notre lot quotidien et notre propre horizon, l’antagonisme kunisme-cynisme traduit également l’alternance entre duplicité frivole (postmoderne) et duplicité stratégique (hypermoderne). D’où notre constat d’un autre niveau de duplicité, de liquidité dans la médiation numérique de soi pour une recherche toujours plus marquée d’une « reconnaissance sociale de son identité » (Codol, 1979).

43L’opportunité d’entretenir une telle duplicité repose bien entendu sur les possibilités, sur les « affordances communicatives » même du réseau social, c’est-à-dire sur « les multiples possibilités actionnelles que l’artefact s’avère capable d’ouvrir à l’utilisateur » (Hutchby in Ibnelkaïd, 2016). Plus concrètement, ces possibilités permettent la manipulation ciblée et à volonté par l’utilisateur des trois composantes de l’identité numérique selon Fanny Georges (2009), à savoir son identité déclarative (les données saisies sur le profil), son identité agissante (activité et publications) et son identité calculée (les données chiffrées comme le nombre d’amis).

44Dans le cas de Sitraka Mamy Tantely, une identité déclarative très laconique (absence de présentation dans la section « À propos »), la construction active d’une persona numérique de coach cynique à travers les publications (identité agissante) et l’attractivité marquée de la page (nombre d’abonnés) contribuent ainsi à générer une image globale plus ou moins stable qui n’est pourtant jamais à l’abri de nuances nouvelles traduisant un dialogue toujours renouvelé entre éléments postmodernes et hypermodernes.

45Cela dit, l’attitude des abonnés est loin d’être en reste : elle sert également de miroir de choix pour sonder cette dialectique paradoxale.

Le rire numérique comme revanche sociale paradoxale

46En effet, les internautes se retrouvent également en masse dans le rituel collectif numérique amorcé via les publications de l’administrateur à travers une dialectique paradoxale postmoderne-hypermoderne. Le ressort en repose sur la gratification émotionnelle et subjective ainsi que sur la puissance du rire collectif, véritable rite de conjuration et de désacralisation. Ainsi, le temps de quelques minutes, une sorte d’osmose se fait entre jeunes internautes qui se reconnaissent dans les commentaires ravis de leurs semblables en y laissant à leur tour leurs propres empreintes. À l'aune du rire collectif, le tragique se trouve ainsi symboliquement expurgé de sa charge coercitive et écrasante dans un registre dionysiaque et postmoderne. Tous transmuent un moment leur « fatigue d’être soi » (Ehrenberg in Foucart, 2008), leur vertige existentiel en se revêtant d’une individualité ludicisée connectée à des milliers d’autres individualités analogues. Dans ce contexte, les rapports entre internautes sont bien singuliers : on parle de « coprésence à distance » (Denouël in Ibnelakaïd, 2016). Certains auteurs, conscients de la veine inédite de l’interaction numérique, parlent quant à eux d’« outeraction » pour qualifier ce qui se trame lors de ces grands rassemblements numériques. Nardi et al. (2000) et Denouël (Denouël in Ibnelkaïd, 2016) en donnent la définition suivante : « irrémédiablement liée à l’interaction tout en en étant détachée, l’“outeractionˮ désigne alors toute modalité d’échange distant visant à tester la disponibilité des correspondants ou relevant d’une forme de coordination. » En l’occurrence, il est pour nous question de coordination des commentaires suite au thème de la publication numérique, coordination exigeant non tellement de l’amitié ou une véritable familiarité entre les interactants mais seulement une « régulation collaborative » (Ibnelkaïd, 2016). C’est ce type de motivation interactionnelle que l’on nomme awareness. Cette notion comporte deux aspects : « la surveillance plus ou moins diffuse des événements qui se produisent dans la situation (notamment l’activité des autres interactants) et dans le même temps, la mise en visibilité des aspects de sa propre activité qui peuvent être pertinents pour les autres » (Schmidt in Ibnelkaïd, 2016).

47Ainsi, dans les commentaires desquels nous avons déjà tiré un petit « florilège », on fait même quelquefois dans une surenchère plus explosive que l’administrateur en personne pour pousser à son summum la veine ludique et contestataire. Point de règles, sinon le respect le plus élémentaire, que certains se paient d’ailleurs le luxe de ne pas observer en s’invitant dans certains commentaires pour semer la zizanie (de manière ludique mais aussi conflictuelle). Nous notons là un aspect plutôt hypermoderne caractérisé par l’excès et l’éclat de l’éphémère.

48Cela dit, l’efficacité symbolique du rire numérique se mesure surtout par la force symbolique de son objet même. Qu’est-ce qui fait l’électricité de ces épisodes de rire numérique ? La sociologie propose dans ce sens des pistes assez classiques mais quelque peu inattendues.

49Il est ainsi assez évident que l’humour corrosif est dans le cas de la page que nous étudions, utilisé non seulement comme outil de désamorçage symbolique du risque (Le Breton, 2012), mais aussi comme marqueur ironique de la « distance de classe » (Flandrin, 2011).

50Autrement dit, nous sommes ni plus ni moins en présence « d’un rire en forme de revanche sociale » (Flandrin, 2011) qui fonctionne essentiellement à titre d’attaque symbolique contre un ordre social jugé inéquitable (le couple cynisme-kunisme), ou du moins opprimant. Hormis sa fonction de ticket au service de l’ascension sociale de l’administrateur, la dialectique du kunisme et du cynisme se retrouve également ici auprès du public à travers un mécanisme évident de libération cathartique à la fois postmoderne et hypermoderne. Lipovetsky reconnaît en effet la possibilité de phénomènes « indissociablement post- et hypermoderne(s) » et se garde de consommer le temps de la postmodernité malgré sa théorisation de l’an zéro hypermoderne.

51Dans ce contexte, le rire s’apparente assez explicitement à l’ « expression du mépris de classe » (Flandrin, 2011) de la part de jeunes confrontés à « un futur devenu incertain et précaire » (Lipovetsky et Charles, 2004) et à l’affût de l’exutoire idéal le temps de quelques minutes. Kunisme-cynisme et postmoderne-hypermoderne, encore une fois donc.

52La publication du 30 janvier 2022 sur l’hyper-indépendance de même que celle du 29 janvier 2022 sur la toxicité des patrons s’attaquent ainsi de deux manières opposées à la figure du patron et de l’entrepreneur à succès : en le singeant puis en en dévoilant les potentielles dérives pathologiques. L’image du coach en tant qu’allié (et membre) de la classe dominante est également reprise dans le même registre pour de même être soit revendiquée de manière parodique, soit rejetée avec le même humour cynique.

53Voilà qui témoigne du « principe d’opposition (« contre qui tu ris ») » étroitement lié au « principe d’identité (« qui tu es ») » contenu dans cet « acte sémique non verbal » (Flandrin, 2011) qu’est le rire. Dans un registre comme celui de Sitraka Mamy Tantely, nous observons nettement une radicalisation du premier principe dans la lignée de l’humour postmoderne aussitôt alternée par une identification paradoxale qui peut présenter un rapport plus ou moins direct avec le statut social même de l’administrateur. Bref, le tableau est plus flou et plus paradoxal que ce à quoi l’on pouvait s’attendre, brouillant quelquefois les pistes entre le réel et le fictionnel.

54Dans ce sens, le rire numérique porte bien une revendication de classe mais dans une veine néo-narcissique postmoderne tel que l’entendait Lipovetsky, hors de toute visée politique ou idéologique, elle-même croisée avec des tendances hypermodernes et hyper consuméristes. Autrement dit, il articule rire et mouvement en jetant un pont entre ces extraits de Lipovetsky : « l’incroyance postmoderne, le néo-nihilisme qui prend corps n’est ni athée, ni mortifère, il est désormais humoristique » (Lipovetsky, 1989) et « l’hypermodernité n’est ni le règne du bonheur absolu, ni celui du nihilisme total », mais plutôt « un monde de séduction et de mouvement incessant » (Lipovetsky et Charles, 2004).

55La résistance dont il est question ici est donc autoréférentielle en étant à la fois « post » et « hyper » : le rire comme « valorisation agonistique de soi contre l’autre » (Flandrin, 2011) est son propre message avec une frénésie et fragilité typiquement hypermodernes.

56Et même si elle témoigne de la volonté de se forger une résilience, elle ne nomme sa cible que par à-coups et derrière un vernis égocentrique très marqué, dans la veine de la thèse de McLuhan sur le primat du médium. D’où à notre sens l’incongruité de mettre en parallèle kunisme antique et kunisme postmoderne-hypermoderne comme le fait Sloterdijk, compte tenu du fait que le kunisme antique tel qu’il le célèbre chez Diogène ne s’ancrait aucunement dans un terreau narcissique et hyperconsumériste mais plutôt dans une espèce de naturalisme panthéiste.

57Cela dit, ce rire qui « émane des décombres », est donc bien l’étendard d’une micro-résistance, mais éphémère qui reprend à certains endroits les codes mêmes de ce qu’elle dénonce : consommation intensive, élément hyper narcissique dans les commentaires, etc.

  • 1 La manifestation ontologique via le médium numérique où l’on doit « prendre existence » (Georges, 2 (...)

58Micro-résistance qui reconnaît sa portée et ses limites, sans réellement se faire d’illusions sur son emprise effective sur la réalité car ancrée dans l’espace numérique et digital (que l’on associe communément toujours au virtuel) tout en étant essentiellement reléguée au registre des loisirs. C’est ainsi que la communion numérique qui se tisse le temps du rire collectif, se dissout aussitôt une fois l’internaute en présence d’autres contenus se déversant à un rythme ininterrompu dans la pure tradition hypermoderne. Après tout, l’éphémère hypermoderne est la structure même de l’awareness qui ne se fonde que sur l’attention provisoire accordée aux autres interactants au cours de l’interaction numérique. Une ludicisation d’autrui à deux dimensions impliquant une familiarité passagère et ciblée mais aussi une obsolescence rapide du contact : voilà l’aspect central de pareille micro-résistance. L’on pourrait aussi parler d’une suspension ludique d’autrui en tant que tel pour n’en retenir que la manifestation numérique ciblée relative à la publication retenue (une « ontophanie »1 numérique contextualisée), ce qui entraîne une néantisation de ses autres aspects et la consommation éclair, ou du moins imminente du contexte interactif.

59Micro-résistance hypermoderne et éphémère avons-nous dit, rendue isomorphe au phénomène de la mode par sa fugacité autant que par le caractère occasionnel et opportuniste des liens tissés au cœur de l’océan de l’information qu’est Internet. Un éphémère susceptible aussi de se convertir en véritable narcotique, en contenu addictif d’une socialisation alternative que le jeune internaute ingurgite en série. Micro-résistance ténue et fébrile qui pourrait ne trouver d’efficacité supposée à ses yeux qu’à travers la frénésie hypermoderne, à travers un impératif cinétique de défilement compulsif de contenus pour faire contrepoids aux pressions d’un monde aux crises plurielles.

60Micro-résistance gagnant en efficacité supposée à travers la vitesse donc, cette micro-résistance dans la micro-résistance.

61Micro-résistance ancrée dans la duplicité aussi, à l’intérieur d’une espèce de « schizophrénie » ou de « schizoïdie » (Sloterdijk in Leroux, 2011) déjà évoquée qui permet une revanche sociale hilare derrière l’écran sans pour autant dispenser l’internaute d’une existence marquée au fer rouge par tous les déterminismes critiques, par tous les stigmates de l’anomie galopante qu’elle nomme par détours.

62Au fond, chaque possibilité renferme de la sorte un revers contre-productif et dévoile l’absence potentiellement accablante d’une alternative idéologique et politique. L’humour numérique ambivalent divise ainsi symboliquement le Sujet en suggérant simultanément une « apathie frivole » (Lipovetsky, 1989) et un cinétisme brutal fait « de frivolité et d’anxiété, d’euphorie et de vulnérabilité, de ludique et d’effroi » (Lipovetsky et Charles, 2004).

63En somme, une micro-résistance rivée aux affordances techniques de l’outil numérique et du réseau social avec tous les avantages (en termes esthétiques et identitaires) et les revers (hyper consumérisme) que cela implique. En d’autres termes, une réaction essentiellement postmoderne contaminée par des influences hypermodernes induites par le médium même.

64Il reste à savoir si Sitraka Mamy Tantely entend étendre ou non cette convivialité paradoxale hors de l’espace numérique pour en reproduire le vitriol jusque dans l’espace physique au travers d’une forme ou d’une autre d’action sociale, ludique ou autre.

Conclusion

65Pour conclure, les multiples détournements humoristiques des leitmotivs du monde entrepreneurial dus à la page Facebook Sitraka Mamy Tantely s’inscrivent de toute évidence à l’intérieur d’un mécanisme de « valorisation agonistique de soi » (Flandrin, 2011) alliant dénonciation impulsive (kunisme) et rhétorique endogène grinçante (l’administrateur appartenant au milieu en question) propre au cynisme contemporain (Sloterdijk in Leroux, 2011). Le ton est postmoderne, avec un humour à la fois badin et « hard » qui s’insurge de manière quelque peu ambivalente contre les idoles du modèle hypermoderne.

66Pourtant, réseau social oblige, le cinétisme généralisé offert par le médium (Facebook) incorpore une frénésie typiquement hypermoderne à ce rire en forme de « revanche sociale » (Flandrin, 2011) massivement repris en écho par les abonnés, accentuant l’ambivalence kunisme-cynisme via une oscillation permanente postmoderne-hypermoderne.

67Dans ce contexte, le rire numérique incarne à la fois un rituel dionysiaque et postmoderne de résistance tout en étant une pratique hypermoderne fragile et éphémère induisant de nouveaux déterminismes et de nouveaux mécanismes de domination.

68Ainsi, le « mépris de classe » (Flandrin, 2011) exprimé à travers les satires saupoudrées d’un élément narcissique de l’administrateur exprime une oscillation et une imbrication permanente entre humour postmoderne et frénésie hypermoderne, entre kunisme et cynisme, entre la résistance passionnée et la capitulation aigrie.

69Il reste à présent à savoir si ce registre est susceptible d’évoluer pour embrasser une action sociale plus classique dans l’espace physique ou s’il pourrait lui-même se muer en une nouvelle modalité d’action sociale ancrée dans le terreau numérique.

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Bibliographie

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Publications Facebook citées

Sitraka Mamy Tantely, 2022, « Tu es né pour partager ton beau sourire et être aimé » [Photographie], Facebook [https://www.facebook.com/336490613804578/posts/1070670900386542/?app=fbl], 29 janvier.

Sitraka Mamy Tantely, 2022, « Être indépendant(e) c’est bien, mais continuons d’adopter des attitudes toxiques : adoptez l’hyper-indépendance pour se saboter et foutre en l’air » [Photographie jointe] [Publication], Facebook [https://www.facebook.com/336490613804578/posts/1070670900386542/?app=fbl], 30 janvier.

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Notes

1 La manifestation ontologique via le médium numérique où l’on doit « prendre existence » (Georges, 2009) pour pallier l’absence des corps comme condition primaire de l’interaction.

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Pour citer cet article

Référence électronique

Maharisoa Ralambosoa, « La dialectique du postmoderne et de l’hypermoderne au temps des crises plurielles : l’humour numérique malgache à la croisée des paradigmes »Sciences et actions sociales [En ligne], 18 | 2022, mis en ligne le 30 septembre 2022, consulté le 29 mars 2024. URL : http://journals.openedition.org/sas/2659

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Auteur

Maharisoa Ralambosoa

Doctorant en sociologie à l’Université d’Antananarivo, Madagascar

École Doctorale Sciences Humaines et Sociales (ED SHS)

Équipe d’Accueil Doctorale Rouages des Sociétés et Développement (EAD 4- ROSODEV)

maharisoastael@gmail.com

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Droits d’auteur

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